ROCHE-DE-GLUN (la)



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



ROCHE-DE-GLUN (la)



ROCHE-DE-GLUN (la) (Castrum Rupis de Clivo). - Vis-à-vis de Glun, gros village de l'Ardèche, dont il n'est séparé que par le lit du Rhône, la Roche est à 10 kilomètres nord-ouest de Valence et 8 sud-ouest de Tain. Sa population agglomérée n'est que de 800 individus, mais sa population totale est de 1,849. Son territoire a, dans tous les sens, une étendue d'une lieue un quart environ ; il est entre le Rhône au couchant, l'Isère au midi, et les communes de Mercurol et de Beaumont-Monteux au nord et au levant. Le vin y est de très bonne qualité ; on le confond souvent avec ceux de Tain et de Mercurol. Les habitans sont presque entièrement occupés aux travaux de l'agriculture et de la navigation. Il y a cependant trois foires par an, des fours à chaux et une fabrique de blanc de céruse. Une tour carrée, haute de 100 pieds, y a été construite depuis quelques années pour la fabrication du plomb de chasse. Elle est fort bien bâtie, et présente au loin la ressemblance d'un clocher.
On voit sur la pointe d'un rocher, au milieu du Rhône, les ruines de l'antique château-fort. Ce rocher est séparé de la rive gauche du fleuve par une trouée de 13 mètres environ, établie pour faciliter la navigation. Lorsque les eaux sont basses, on découvre au pied du roc les fondations du mur d'enceinte. La maçonnerie en est si solide, qu'elle n'a encore éprouvé aucune dégradation sensible, quoique le Rhône vienne s'y briser avec impétuosité depuis une longue suite de siècles.
L'historien Chorier prétend que ce château remonte a la conquête des Gaules par les Romains ; qu'ils le fortifièrent dans leurs premières guerres contre les Allobroges, et que le nom de Roche-de-Clodius, que lui donnent d'anciens titres et qu'on a depuis corrompu en Clou, Clan, Clun, Gluy et Glun, lui vient du général romain qui le fit construire ; mais il est plus vraisemblable que son nom vient de Rupis Clusinii. Clusinius est un nom de Janus, le porte-clefs, le gardien des portes. Le rocher qui avançait dans le Rhône dominait le fleuve, et pouvait l'ouvrir ou le fermer à la navigation.
C'était, pendant les guerres de la féodalité, une des places les plus fortes du Viennois ; aussi a-t-elle soutenu de nombreux siéges. Mais elle est surtout fameuse par celui que Roger de Clérieux, son seigneur, y soutint, en 1248, contre Saint Louis, après avoir voulu faire payer à ce prince, qui descendait à Aigues-Mortes, où il allait s'embarquer pour la Terre-Sainte, le droit de péage que ce seigneur exigeait de tous ceux qui passaient sur le Rhône. Le roi s'étant rendu maître du château, en fit raser les fortifications, mais le seigneur ne tarda pas de les rétablir.
Ce rocher, connu sous le nom de donjon de la Roche, est encore fameux par les naufrages qu'il occasionne sans cesse : il ne se passe pas d'année sans que des bateaux ne viennent s'y briser. Ces accidens ont excité la sollicitude de l'administration : elle fait exécuter des ouvrages pour l'enlèvement du rocher jusqu'à un mètre de profondeur au-dessous des basses eaux.
Le beau pont qu'on trouve sur l'Isère, entre Valence et Tain, est nommé pont de la Roche, parce qu'il est établi sur le territoire de cette commune.

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